Au fil de l’avancement dans le processus commence à naître en nous le sentiment pas très agréable d’être des petits cachottiers. Il est donc temps d’élargir le cercle des confidences. Le timing n’est pas évident. À l’image d’une grossesse, trop tôt, nous prenons le risque d’expliquer une aventure que nous serions incapables de mener à terme. Un échec qu’il faudra, en plus d’assumer, expliquer à chaque question le pourquoi du comment, encaisser les compassions bienveillantes des amis et familles…
Trop tard, il y a ce désagréable sentiment de cacher quelque chose, alors que nous avons passé l’âge des cachoteries. D’autant plus que nous traversons des étapes clés, nous procurant parfois des moments de vive joie que nous serions ravis de partager avec nos proches. Alors pourquoi cacher ?
Les 1ères déclarations sont pour la famille. Père / mère, qu’ils soient de la famille ou de la belle famille. Ensuite, les amis proches, ceux et celles de confiance, et surtout celle qui nous tanne depuis des années pour avoir des enfants. D’ailleurs, nous ne la remercierons jamais assez pour son engagement spirituel en faveur de la reproduction et ses innombrables arguments sur les bienfaits de la parentalité qui ont su nous mettre un petit coup de boost quand le parcours de la GPA nous paraissait insurmontable.
Nous avons d’ailleurs hâte d’être parents pour savoir s’il existe ou non un club secret de parents, qui gagneraient des points, lorsque grâce à leurs arguments, plus ou moins fallacieux, ils font basculer des âmes pures et innocentes vers la parentalité. Si jamais un tel club existe, au vu des sommes et des énergies engagées dans notre cas, j’ose espérer que cette amie, phase à la difficulté de nous convertir à la parentalité, gagnera assez de points pour s’offrir dans le catalogue du club, un service à raclette, 8 personnes, avec pierrade, caquelons à manche de bois, & petites spatules assorties. Ou mieux, un robot aspirateur vapeur… Elle se reconnaîtra
Bref, que ce soit la famille ou les amis, nous sommes étonnamment surpris de la bienveillance des gens. Peut-être pour cela que ce sont nos amis ? Les réactions sont de la curiosité bien placée, de la surprise, un peu d’effrois face à ce parcours rempli d’inconnu.… Mais, jusqu’à ce jour du moins, jamais aucune hostilité. C’est pour moi plus malaisant de parler de mon infertilité que de parler du parcours.
Nous sommes persuadés, que la destination y fait beaucoup. Pas de destination exotique où les fantasmes d’une exploitation du corps pourraient être relayés par des médias à succès. Avec ce choix du Canada, qui mûrement réfléchi, et qui nous convient, nous nous sentons en phase avec nous-mêmes et expliquons le cheminement, nos réflexions et notre choix coûteux pour ce pays, le Canada, où nous espérons avoir prochainement un lien de vie. Un lien avec ce pays qui nous paraît juste, et éthique, où nous nous sentons au clair, avec les engagements sans aucune ambiguïté du pays et de ses lois, si loin des interdits de notre chère république. Liberté, égalité, fraternité.
Il y a quand même un petit point noir à ces révélations. Après ces mois à partager ce secret entre nous, désormais, on nous questionne. L’avancement, les étapes, ce qui est à venir, ce qui reste à venir. Cela est parfois stimulant, encourageant… parfois, on souhaiterait juste ne pas en parler, surtout quand nous sommes dans une étape assez longue, qui avance pas à pas…
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