La loi canadienne est assez stricte sur la GPA, et c’est tant mieux. Ainsi, dès le début du processus, les autorités souhaitent s’assurer que les futurs parents ne sont pas des gens complètement dingues ou dégénérés. L’agence organise donc notre 1er RdV avec ce que nous avons compris être une sorte d’assistante sociale, pour évaluer qui nous sommes vraiment et ce que nous allons faire avec bébé. Nous avons le sentiment de jouer une partie de notre vie, un moment décisif. Je pense que nous avons bien trop surévalué l’importance de ce RdV.
Quelques jours avant le RdV, & alors que nous ne sommes pas d’un tempérament anxieux, du moins dans notre sphère privée, nous nous questionnons sérieusement sur nos capacités à être responsable d’un bébé. Sommes-nous réellement des gens matures ? Visiblement non. Cela est-il incompatible aux yeux des autorités pour nous autoriser à avoir un bébé ?… A cela s’ajoute le petit stress d’une visio en anglais, où les sous titres ne sont pas activable. Mais que fait l’IA ?
La visio va commencer. Je réussis à convaincre mon conjoint que non, nous n’allons pas flouter notre arrière-plan comme il peut le faire au bureau. Ces gens sont des protestants, ils n’ont pas de clôture dans leurs jardins, ni de volet à leurs façades, car ils veulent montrer aux yeux de tous qu’ils n’ont rien à cacher. Mes arguments font mouche, nous ne floutons pas l’arrière-plan. Merci encore les stéréotypes.
La rencontre se passe bien, notre interlocutrice est très agréable, prend le temps de comprendre notre anglais qui frôle parfois la condescendance. Elle sourit, c’est bon signe. Et c’est bien le cas, dès la fin de l’entretien elle nous confirme, qu’à ses yeux, nous sommes aptes à être parents. Nous sommes donc d’excellents baratineurs, c’est officiel…
Au-delà de l’aspect formel du protocole, cette rencontre permet de mettre au clair notre projet via des questions assez simples, presque cucu la praline diront certaines. Mais finalement, on oublie parfois de mettre un temps d’arrêt à ce monde qui va trop vite pour songer à ces choses simples mais grandement essentielles. Êtes-vous heureux dans votre couple ? Euh, oui, je pense. Enfin oui, bien évidemment. Qu’est qui vous rend heureux ? Euh… D’être en couple avec quelqu’un de formidable… Vous aimez votre travail ? Principalement oui. Êtes-vous stressés dans la vie ? en perso ou à l’agence ? Si c’est à l’agence, il est vrai que mon travail génère un peu de stress. Pourquoi voulez-vous un bébé ? Ah bah, oui, pourquoi veut-on un bébé en fait ?… Allez vous dire à bébé qu’il est né d’une GPA ? Ah, ça on connaît la réponse. Oui !
Curieusement, cette réunion a fortifié encore notre conviction qu’un enfant était notre souhait le plus profond, et ce malgré l’engagement émotionnel, financier, temporel… que cela génère
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